ANNEE 2008
Zagora est le point de départ pour notre visite à l’Ecole du Désert. En effet, c’est sur l'invitation de Lahssen Essouti(Président de l’Association), que nous partons, accompagnés par Lahssen, le Trésorier, Ali, le Secrétaire et de Mohammed le chauffeur pour le Djbel Bani afin d'évaluer la nécessité d’un nouveau projet de création d’une école dans ce secteur.
Après plusieurs heures de piste, nous arrivons sur place où, nous sommes très bien accueillis par les familles nomades présentes. Après présentation, et visite de la palmeraie nous nous installons pour le bivouac. Un succulent repas nous sera offert par nos hôtes.
Lahssen et Ali, réunissent, en présence du gouverneur de la région de Zagora, les pères nomadisant dans un rayon de dix kilomètres pour les convaincre de la nécessité de scolariser les enfants…..Après maintes discussions, l'accord est donné. L'école pourra donc voir le jour. Elle accueillera quarante neuf écoliers (filles et garçons) de tous âges. Lahssen est heureux. Séduits par le projet, nous décidons, d’apporter notre aide. Comment ne pas être enthousiasmés.
Nous nous dirigeons ensuite vers la première Ecole du Désert. Nous l'avions déjà visité en septembre 2007. Nous sommes émerveillés. Omar, l’instituteur rassemble les enfants (cinq à quatorze ans) dans la nouvelle classe, construite en dur. La précédente (une tente) avait été emportée par une tempête. Les murs sont joliment décorés par les dessins des élèves.
Nous avons constaté les progrès remarquables réalisés par tous les élèves. En septembre, seuls, les plus éveillés « baragouinaient » quelques mots de français. Qu'elle ne fut pas notre surprise de constater que grâce à l’Association et à Omar , tous les enfants soit environ une vingtaine, comprenaient ce que nous disions, lisaient notre alphabet et certains s’exprimaient dans notre langue. Nous étions « bluffés », quels progrès réalisés en six mois!!!
Nous pensons, que c’est au travers des opérations de ce genre, et grâce aux bénévoles de l’Association que la culture française perdurera dans ce magnifique pays. Ayant longuement discuté avec ses représentants, nous avons décidé de nous investir pleinement dans ce programme avec nos moyens, bien sûr.
Notre aide comportera, fournitures scolaires, vêtements, jouets et quelques dirhams, que nous rassemblerons en faisant appel à la générosité de chaque participant à nos raids. Pour eux, merci à chacun d’entre-vous.
Tant qu’il y aura des Associations de ce type et grâce à ses bénévoles, la langue française et sa culture resteront présentes dans ce pays.
ANNEE 2009
Comme à chaque voyage, nous rendons visite à « L’Association Vie Nomades » à 5 heures de piste de Zagora. La rentrée scolaire a eu lieu cette année, dès la fin du ramadan avec 25 élèves inscrits. Omar en est toujours l’instituteur.
La deuxième école sera construite en dur dans le Djbel Bani (les nomades à cet endroit étant sédentarisés) et accueillera 39 ou 40 enfants (filles et garçons).
Nous avons eu l’honneur et le plaisir de diner avec les membres responsables du bureau de cette Association (tous bénévoles, ambitieux et déterminés) qui n’hésitent pas à donner de leur temps et de leur savoir. Ils sont simplement, mais quelle richesse, remerciés par le regard et l’affection des enfants, sans oublier les progrès scolaires réalisés par ces élèves.
Pour notre part, nous continuons personnellement à soutenir cette Association en leur apportant à chacun de nos voyages : vêtements, fournitures scolaires et contribution financière…..
Chaque fois que Serge et moi organisons un raid et que l’itinéraire nous mène du côté du lac Iriki, une visite à l’école nomade est toujours prévue. Nous tenons à rencontrer ces élèves, à suivre leur scolarité et à voir comment ils évoluent.
Les enfants, Omar leur instituteur et les familles nous accueillent toujours avec chaleur. Nous avons même eu la chance de partager une journée entière avec eux sous la tente. Ce fut une expérience inoubliable. Ainsi, nous avons pu observer l’évolution de l’école par elle-même mais surtout les progrès des élèves. Je rappelle qu’une vingtaine d’enfants fréquentent régulièrement la classe, aussi bien les filles que les garçons. L’âge varie de 4 à 15 ans.
ANNEE 2011
Après quatre ans, j’ai pensé que le moment était venu de faire un point sur ce projet de longue haleine.
Tout d’abord, la construction du « bâtiment » a changé. La paillotte a été remplacée par une tente khaïma, plus solide, plus stable, plus résistante aux vents.
Le mobilier est toujours le même mais les rangements sont plus nombreux et plus fonctionnels. La classe est joliment décorée, les murs sont tapissés de dessins et de tableaux didactiques indispensables pour les apprentissages.
Omar, le premier enseignant, qui a eu le mérite de s’investir totalement dans cette aventure, a laissé sa place à un jeune maître, Youssef. Ce dernier assure ses cours pendant 22 jours et retourne dans sa famille à Zagora pendant une semaine. Ce nouvel instituteur est très aimé de ses élèves. On sent qu’il sait se faire respecter tout en étant attentif au caractère et au tempérament de chacun.
En ce qui concerne l’enseignement, Youssef est quelqu’un de très organisé, ordonné, rigoureux. Il a établi un emploi du temps qu’il suit scrupuleusement. Les cahiers que j’ai feuilletés sont tous très bien tenus, les traits tirés à la règle, emploi de plusieurs couleurs, absence de rature…. Félicitations aux enfants….Beaucoup de nos élèves feraient bien d’en prendre note !!! Il faut dire que tous ces petits nomades ont envie d’apprendre, ils ont le gôut de l’effort. Ils ont conscience que leur avenir commence par l’école…..
Nous avons eu la chance d’assister à une leçon de lecture en français : l’apprentissage du son « ou ».
Je peux vous assurer que les méthodes pédagogiques utilisées sont exactement les mêmes qu’en France. J’ai moi-même enseigné la lecture et j’employais la même démarche.
Ensuite les élèves ont été interrogés sur l’alphabet français et arabe. Tous les enfants les connaissent parfaitement.
Après quelques opérations (additions, soustractions, multiplications et divisions) effectuées au tableau, la matinée s’est terminée par des poésies et des chants en français….
Que de progrès ont fait ces enfants nés dans le désert ! Je me souviens de Fatima, Youssef, Mohammed…..qui ne savaient ni lire, ni écrire. Ils ne parlaient ni ne comprenaient notre langue. Maintenant, ils sont capables de se débrouiller, c’est incroyable.
Nous sommes fiers de tous ces enfants et de leur instituteur qui vit dans des conditions précaires.
Merci à tous les bénévoles de l’Association « Vie Nomade » qui a su tout mettre en œuvre pour que ce projet aboutisse. C’est grâce à eux que des petits marocains nomades pourront, s’ils le souhaitent, quitter leur désert natal pour trouver un travail qui leur permettra de vivre dignement.
Depuis, une autre école a été ouverte à Tafraout, dans le djebel Bani, et une troisième ouverture est à l’étude…